Et si les milliards d’euros destinés au nucléaire allaient plutôt vers plus de justice?
La hausse des taxes sur les carburants a eu très vite fait d’opposer les politiques sociales et écologiques.
Toutefois, l’urgence climatique et les dangers dus aux pollutions atmosphériques sont bien réels. Certains nous disent qu’on ne peut attendre de quelqu’un ou de quelqu’une qui a des fins de mois difficiles de penser aux enjeux écologiques.
Nous savons ce que c’est que de vivre avec moins d’un SMIC, avec le RSA, ou avec une petite retraite … et de tomber entre toutes les mailles des filets de la précarité. Opposer les fins de mois et la fin du monde n’a aucun sens. Seule demeure la nécessité de ne pas sous-estimer les besoins vitaux de ceux qui sont en précarité énergétique.
Notre association se penche en particulier sur les questions liées au nucléaire et à la transition énergétique. Si certaines aberrations existent dans ce pays en termes de justice fiscale, il en est d’autres dans un autre domaine, celui du nucléaire qui, en France, tient presque de la religion d’Etat.
L’énergie nucléaire crée des déchets qui polluent nos terres et nos rivières pendant des milliers d’années.
Au moins une vingtaine de réacteurs vont être amenés à fonctionner alors qu’ils auront plus d’une cinquantaine d’années (certaines parties non remplaçables de ces centrales ne sont pas faites pour durer plus d’une quarantaine d’années). De plus, les combustibles nucléaires s’amoncellent au point où d’ici une dizaine d’années, les piscines d’entreposage seront saturées. Il est urgent de changer de système.
S’il est décidé de réhabiliter ou de créer de nouveaux réacteurs, ce sont des centaines de milliards d’euros qui devront être réinvestis dans cette énergie, des centaines de milliards d’euros qui ne seront pas investis dans la transition énergétique et l’aide aux plus précaires. Ce sont alors des centaines de milliers d’emplois qui ne seront pas créés dans le secteur de la transition écologique, ceci alors que le nucléaire ne crée en comparaison que peu d’emplois.
Il n’y a pas de justice sociale sans justice énergétique.
Il y a urgence à aller de l’avant dans la transition énergétique mais cela ne doit pas se faire en laissant sur le bas-côté les plus fragiles d’entre nous ou ceux qui travaillent aujourd’hui dans le nucléaire. Il est urgent de créer d’autres emplois, d’aider celles et ceux qui sont en précarité énergétique.
L’absence d’une politique énergétique efficace en cohérence avec une politique d’accompagnement social, coûte cher à tous et notamment aux plus fragiles : des logements non rénovés, des véhicules gloutons en énergie, …
La transition énergétique doit se faire avec les gilets jaunes et tous ceux qui sont au bord du chemin, ou ne se fera pas et comme elle devra se faire, elle doit se faire avec les gilets jaunes.
Le nucléaire ne sauvera pas le climat. Le nucléaire, religion d’état, s’oppose à la justice sociale.